La Chine ambitionne de devenir un géant du halal
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Selon le leader mondial des études de marchés stratégiques, EuroMonitor International, les consommateurs musulmans formeront 25% de la population mondiale d'ici 2030. Le ralentissement de la croissance économique qui affecte actuellement la Chine ne l'empêche pas d'investir dans d'autres secteurs, comme le marché halal, dont l’industrie pèse 500 milliards de dollars dans la balance du commerce planètaire. Un marché gigantesque coinvoité par la Chine qui a fait de ses relations commerciales avec le monde musulman une de ses priorités économiques.
Dans la province chinoise de Gansu, plusieurs entreprises ont signé des accords commerciaux avec la Turquie et le Kazakhstan (un marché de près de 91 millions de personnes pour ces deux pays) afin d'exporter des produits alimentaires halal manufacturés. Outre ces accords, la Chine multiplie depuis une année l'organisation de séminaires et conférences sur le halal qui ont notamment débouché sur une certification halal commune avec la Malaisie, pays majoritairement musulman.
La Chine a également fondé la Silicon Valley du halal, à Wuzhong, ville de la région autonome du Ningxia, un pôle industriel de pointe spécialisé dans la fabrication de produit halal. Ce pôle compte aujourd'hui près de 250 entreprises. Le groupe alimentaire Shineway Group a déjà investi plus 320 millions de dollars dans une unité de production de viande halal.

Pour la société HCS Consultants, spécialiste du halal, dont le siège est basé à Singapour, la Chine, forte de ses relations avec le monde musulman et seconde puissance économique mondiale, possède largement les moyens de conquérir une grande partie du marché halal international. Toutefois, la Chine devra éviter que se reproduise à l'intérieur de ses frontières des scandales du "faux halal" qui ont terni son image auprès de plusieurs pays islamiques. En 2013, les musulmans ont été trompés par de la fausse viande de bœuf halal. La police de Xi’an, la capitale du Shaanxi, a ainsi saisi dans une usine locale plus de 20 000 kilos de porc traités artificiellement pour ressembler à du bœuf plus vrai que nature, à l’aide de produits chimiques tels que la cire de paraffine et des sels industriels, et estampillés du précieux label halal.
Mais cet intérêt de la Chine pour le marché halal contraste avec sa politique de répression à l'encontre de sa minorité musulmane. En mars 2015 par exemple, un Ouïghour avait été condamné à six ans de prison pour port de la barbe et sa femme à deux ans pour port du voile. "C’est une affaire qui ne se produirait pas ailleurs dans le monde", s’est aussitôt insurgé Dilxat Raxit, le porte-parole du Congrès mondial ouïghour, dans un communiqué en date du 30 mars, cité par l'Agence France Presse (AFP). "C’est inacceptable et totalement absurde. Ces verdicts démontrent l’hostilité farouche de la Chine et sa crise de gouvernance qui s’enferre dans la persécution politique des Ouïghours", pouvait-on lire sous sa plume affligée, ajoutant: "L'objectif de la Chine est d'utiliser tous les moyens judiciaires pour forcer les Ouïghours à accepter les traditions du peuple chinois et à renoncer à leur mode de vie."